10 idées reçues à corriger pour la journée internationale des menstruations

Article : 10 idées reçues à corriger pour la journée internationale des menstruations
Crédit:
28 mai 2018

10 idées reçues à corriger pour la journée internationale des menstruations

Le 28 mai est la journée désormais dédiée aux menstruations. Cette journée a pour objectif de communiquer autour des menstrues mais surtout d’éduquer et de célébrer le cycle féminin en luttant contre les tabous, les situations précaires et le manque d’hygiène dont font face de nombreuses femmes à travers le monde.

cc: Sandrine Naguertiga Canva.

En mai 2017, je lançais une campagne qui avait pour but de briser les tabous autour des menstruations chez les filles et les femmes en Afrique. Une première étape pour mon projet qui a pour objectif à plus long terme de trouver des solutions concrètes via le digital.

A lire aussi: 28 mai, les Mères à l’honneur, les Menstruations aussi

A lire aussi: Campagne « #RegleeCommeElle » pour lutter contre les tabous autour des menstrues féminines en Afrique

Même si l’on remarque de plus en plus d’actions en faveur de la lutte contre les stéréotypes liés aux menstruations, il y a encore beaucoup à faire.
A l’occasion de cette journée internationale des menstruations, j’ai donc décidé d’écrire un article sur les 10 clichés récurrents au sujet des menstruations.

Rappelons en quelques mots ce que sont les menstrues :
Les règles féminines, c’est quoi ?
Rappelons que les menstruations sont un phénomène biologique très simple. En évacuant un peu de sang, le corps de la femme renouvelle ses tissus intimes, c’est un processus normal et naturel qui a lieu tous les mois. On parle de « cycle menstruel ». Le cycle menstruel, c’est tout le processus biologique qui fait que le corps de la femme peut accueillir un oeuf fécondé (= un ovule féminin + un spermatozoïde masculin), c’est tout le processus qui rend la femme féconde et qui lui fait qu’elle peut être enceinte !
Comment ça se passe ? L’endomètre, qui est la couche superficielle de la muqueuse de l’utérus, se renouvelle naturellement tous les mois afin d’être prêt à accueillir une éventuelle fécondation. L’ovule, lorsqu’il est fécondé par un spermatozoïde, se niche naturellement dans la muqueuse de l’utérus pour pouvoir se développer, il deviendra alors un foétus puis un bébé…
S’il n’y a pas eu de fécondation de l’ovule, ce dernier se dissout et il est expulsé tout naturellement avec un peu de sang qui provient de la muqueuse utérine. Ce sont les menstrues. Contrairement à ce que certains peuvent croire, le volume de sang écoulé n’est pas important, il peut varier d’une femme à l’autre et d’un mois à l’autre de 30 ml à 100 ml.
Les menstrues sont donc la dernière étape du cycle menstruel que le corps féminin met en route tous les mois.

Une jeune fille, une femme, est la même durant tout son cycle menstruel, y compris pendant les 3 à 6 jours que durent ses menstrues. Ce phénomène biologique naturel ne doit pas empêcher les femmes de « vivre leur vie » ! Les femmes doivent pouvoir continuer leurs activités comme elles le font d’habitude : aller à l’école, étudier, faire la cuisine, faire du sport (y compris du « sport de chambre » si elles le souhaitent !), voyager, travailler, voir la famille, voir les amis, s’amuser… bref vivre librement.

En réalité, nous devrions tous considérer les menstrues sans y porter plus d’attention que cela, parce-que c’est naturel et que c’est presque un non-phénomène dans la vie des femmes finalement ! Cela prend de l’importance si on en fait toute une histoire et si cela empêche les femmes de vivre normalement… c’est malheureusement ce qu’il se passe dans de nombreux pays, à cause des croyances et des traditions.

Voici quelques exemples de croyances et d’idées reçues, qui empêchent les femmes de mener une vie normale lorsqu’elles ont leurs règles.

Idée reçue n°1: Les femmes qui ont leurs règles ne peuvent pas faire la cuisine car elles sont sales

ARCHI FAUX ! Il est important de rappeler que, même si la femme évacue du sang pendant sa période de menstruation, cela n’a rien de sale, et cela ne fait pas d’elle une personne sale ou impure ! Malheureusement, cette idée est véhiculée par de nombreuses croyances. Rappelons encore et encore que les menstruations sont un phénomène biologique naturel et qu’il n’a rien de sale !

En Inde, par exemple, les règles sont perçues comme quelque chose de « sale ». La jeune femme réglée est interdite de cuisine sous peine de rendre sa nourriture impropre à la consommation et contaminante. Contaminante de quoi ? On se le demande…

Idée reçue n°2 : Le sang évacué par les femmes pendant leurs règles provoque des maladies graves et contagieuses

En Bolivie, les règles sont perçues comme une «maladie». Les filles ne doivent pas jeter leurs serviettes à la poubelle car cela provoquerait des maladies graves, voire même le cancer.

Encore une fois, je vous le redis, ne croyez pas à de telles énormités. Le sang perdu pendant la période de menstruations n’a rien de maladif ni de contagieux. C’est un procédé sain et naturel qui n’a rien à voir avec la maladie.

Idée reçue n°3 : Se doucher pendant ses règles rendraient les femmes stériles

En Afghanistan, on fait croire aux femmes que se doucher pendant leurs règles les rendraient stériles. Une croyance qui vient compromettre leur hygiène.

Au contraire, la femme doit pouvoir faire sa toilette intime et se doucher pendant ses règles, aussi souvent qu’elle en ressent le besoin.

Idée reçue n°4 : Il ne faut pas parler de ses règles à ses parents car c’est irrespectueux et honteux

Au Malawi, les règles sont perçues comme quelque chose d’ «irrespectueux». Parler des règles avec les enfants est une chose impensable pour les parents. C’est généralement la tante qui se charge de cette éducation auprès de la fille, en lui apprenant à se tenir à l’écart lorsqu’elle y est confrontée.

Il est vraiment préférable de parler à la jeune fille en amont pour la préparer et pour lui expliquer ce que c’est que les menstrues (afin qu’elle comprenne bien tout le processus du cycle menstruel). Cela fait partie de son éducation, ainsi elle ne sera pas étonnée ou effrayée quand cela se produira, car elle comprendra que c’est naturel et normal. Au contraire, les premières règles peuvent paraître choquantes si l’on ne peut pas en parler au moins à sa mère (ou même à son père), parce-que si le sujet est tabou, cela donne l’impression que c’est un problème, que ce n’est pas naturel… et cela sera d’autant plus difficile à vivre pour la jeune fille, parce-qu’elle va associer les règles à un tabou.

Idée reçue n°5 : Une femme qui a ses règles est toujours de très mauvaise humeur

« Elle n’est pas de bonne humeur, ça doit être ses règles ». C’est une des situations à laquelle ont été confrontées presque toutes les femmes. Une réplique très sexiste qui est en plus complètement fausse. Chaque femme est unique et a son degré de sensibilité, tout comme les hommes. Durant la période des règles, il est vrai que les hormones jouent quelques fois sur l’humeur entraînant parfois des moments de nervosité, de dépression ou autre état…mais cela dépend de chaque femme. Il ne faut surtout pas en faire une généralité.

Idée reçue n°6 : Les jeunes filles qui mettent des tampons pendant leurs règles peuvent ne plus être vierges

Bien souvent, cette idée reçue devient une véritable angoisse pour certaines jeunes filles qui subissent la pression de leurs proches. En effet, on dit aux jeunes filles qu’il est préférable d’utiliser des tampons une fois qu’elles ne sont plus vierges, simplement pour ne pas risquer de déchirer l’hymen. NUANCE!!!

Qu’est-ce que l’hymen? C’est cette petite membrane placée entre les petites lèvres, sous l’orifice urinaire qui, très souvent, est rompue lors d’un premier rapport sexuel.

Il est vrai que, chez certaines filles, l’hymen est très étroit et peut donc se rompre si l’on introduit un tampon à l’intérieur. Mais cela ne voudra pas dire que la jeune fille a perdu sa virginité ! On perd sa virginité lorsqu’on a fait l’amour pour la première fois.

Rappelons que la mise en place d’un tampon est possible sans forcément rompre l’hymen, cela dépend des jeunes filles.

Idée reçue n°7 : On ne peut pas pratiquer de sport pendant ses règles

Avoir ses règles ne devrait pas vous empêcher de pratiquer une activité sportive. Les menstruations sont un phénomène naturel et non pas un état de maladie qui devrait empêcher les femmes de suivre normalement leurs activités. Selon les gynécologues, l’activité physique serait même plutôt un excellent moyen de contrôler le syndrome prémenstruel et les crampes puisque cela augmente l’apport en oxygène dans les muscles.

Donc Mesdames, si vous avez envie de faire du sport, ne vous en privez pas, au contraire faites-le !

Idée reçue n°8 : Quand on a ses règles, mieux vaut ne pas avoir de relations sexuelles

Selon les médecins, il n’y aucune contre-indication à cela. Il est important d’en parler à son partenaire sans tabou et aussi être soi-même en phase avec cela. Certaines femmes se mettent elles-mêmes cette barrière pensant que leur partenaire trouverait cela sale. Mais sans avoir parlé de cela avec lui auparavant, comment le savoir ? N’ayez pas honte, sentez-vous bien dans votre corps et libre d’en parler.

Idée n°9 : Pendant ses règles, une femme perd une grande quantité de sang et peut se vider de son sang

Une femme perdrait en moyenne entre 30 à 100 ml sur 3 à 6 jours de règles. Cette quantité est très variable selon chaque femme et selon les mois.

Il est important de rappeler que ce sang, qui s’évacue généralement sous la forme de tous petits caillots, est également constitué de minuscules débris de muqueuse utérine.
Mais, si vos règles sont très abondantes (si vous perdez beaucoup de sang) et que cela dure longtemps, il ne faut pas hésiter à voir un médecin.

Idée reçue N°10 : Les règles cela ne concerne que les femmes

Absolument pas. Les règles, ce n’est pas qu’une « histoire de femmes ». Les femmes ont le droit d’en parler à leur partenaire, frère, cousin, ami ou tout homme proche d’elle. Certaines femmes, selon le degré de relation qu’elles ont avec les hommes de leur entourage, n’hésiteront pas à en parler. Mais encore une fois, je reste convaincue qu’il n’y a aucun tabou à avoir sur ce sujet, puisque c’est naturel. En parler représente l’avantage de banaliser le sujet. Les hommes, tout comme les femmes, sont concernés. Et en parler, au moins à son partenaire, serait une excellente manière de se sentir soutenue, mais aussi d’anticiper d’éventuels risques sanitaires.

Partagez

Commentaires

chantal
Répondre

Merci beaucoup pour ces informations capitales. Néanmoins pouvez-vous insérer des liens ou sources médicales qui confirment les thèses que vous confirmez? Par ex pour le sport; trop d'exercices physiques impliquent une certaine perturbation du cycle menstruel régulier.

Sandrine NAGUERTIGA
Répondre

Chère Chantal,
je vous remercie pour l'intérêt porté à mon article ainsi que pour votre remarque pertinente.
Cependant comme je le disais dans l'article, la majorité des idées reçues évoquées ici ne sont pas médicales. Ce sont des "tabous" inventés, imaginés par les hommes et femmes. Absolument rien n'est cliniquement démontré. C'est la raison pour laquelle j'ai fais cet article pour briser ces tabous sans fondements.