1er Novembre: une Journée Africaine de la Jeunesse importante mais peu connue

Article : 1er Novembre: une Journée Africaine de la Jeunesse importante mais peu connue
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1 novembre 2019

1er Novembre: une Journée Africaine de la Jeunesse importante mais peu connue

Instituée en 2006, la Journée Africaine de la Jeunesse est célébrée le 1er novembre de chaque année depuis 2006: l’occasion notamment pour les dirigeants africains d’exploiter le potentiel des jeunes et d’en tirer profit pour améliorer la vie de ceux qui vivent sur le continent. 
Mais vous le saviez-vous? 

Après avoir effectué un sondage très rapide autour de moi (entourage professionnel et personnel), sur 50 personnes, seulement 7 étaient au courant de cette journée dédiée à la jeunesse africaine. Et très peu n’y comprenait pas réellement l’intérêt. 

1er Novembre: une date symboliquement peu significative et mal choisie? 


Si l’on remarque bien sur le calendrier, le 1er Novembre est connue comme étant celle de la Toussaint: une fête Catholique célébrée au cours de laquelle on honore tous les Saints qu’ils soient connus ou méconnus: une fête en quelque sorte des martyrs qui vient en prélude de celle où l’on se commémore les fidèles défunts. 
Un choix de date qui, à mon humble avis, ne saurait avoir une place significative en vue de l’acte symbolique que l’on souhaite donner à sa jeunesse. Celui de valoriser cette jeunesse africaine, la célébrer et la mettre au coeur de toutes les préoccupations à l’échelle du continent africain, voire-même mondiale. 

La jeunesse africaine mérite que sa journée soit connue de tous et mérite surtout que l’on se penche réellement, le temps d’une journée à minima, sur ses préoccupations, ses réalisations, ses avis, ses conditions et son avenir. 

Sandrine NAGUERTIGA

Très honnêtement, j’ai découvert cette journée seulement l’année dernière, complètement par hasard sur les réseaux sociaux. Inutile de vous décrire mon ressenti. 
Une Journée Africaine de la Jeunesse qui au final, se fait sans cette Jeunesse Africaine, pourtant au coeur de toutes actions: c’est vraiment dommage. 

Vous rendez vous compte que cette année nous serons à la 13ème édition de cette Journée? Chose complètement incompréhensible. Contrairement à la Journée Internationale de la Jeunesse qui se célèbre quant à elle, chaque 12 Août depuis 1999, la Journée de la Jeunesse Africaine a été réellement passée sous silence.

J’ose croire que lorsqu’on décide de dédier une journée à une cause, c’est bel et bien pour attirer l’attention d »une communauté mondiale sur cette cause en question et réfléchir ensemble à des actions concrètes en vue d’améliorer les conditions actuelles. 

La jeunesse africaine en quelques chiffres: 

Tantôt vue comme une bombe à retardements ou alors comme un véritable potentiel de développement, cette jeunesse africaine est pourtant une richesse précieuse pour le continent africain. 
La jeunesse africaine se retrouve coeur de toutes les rencontres, tous les sommets et tous les forums qui puissent exister à travers le Monde. Aussi souvent que possible, le Monde entier se réunit pour discuter de ses défis, des enjeux, des opportunités afin de proposer des solutions adaptées à sa démographie. 
Selon des chiffres tirées de statistiques mondiales (ONU et partenaires): 
La population africaine, passera de 1 à 1,6 milliard de personnes entre 2010 et 2030, pour atteindre 19% de la population mondiale à cet horizon. 
De plus, en Afrique de l’Ouest comme en Afrique centrale, les moins de 25 ans représentent déjà 64% de la population, une classe d’âge frappée par un chômage moyen de 60%.
Avec 7 personnes sur 10 âgées de moins de 25 ans, le taux de dépendance à l’égard d’adultes actifs s’élève à 80 % – faute de perspectives d’emploi.
L’on remarque aussi que dans le Sud du Sahara, 40% des filles en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisées. 
Sur la question de l’emploi il est important de savoir que seuls 3 millions d’emplois formels sont créés par an alors que 10 à 12 millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail.
Enfin, 60%: c’est le pourcentage de jeunes (15-24 ans) en situation de chômage en Afrique subsaharienne selon la Banque Mondiale.

Des chiffres qui première vue, pourrait vous alarmer et vous dresser un bilan négatif de cette jeunesse, et pourtant en dépit de tout cela, la jeunesse s’efforce à trouver des solutions et à mettre en marche le train du développement. Rien que pour ça, elle devrait être mise à l’honneur, écoutée et accompagnée comme il se doit. 

Les défis à relever pour la jeunesse africaine: 

De nombreux défis doivent être relevés pour cette jeunesse africaine à savoir: le chômage des jeunes, l’immigration clandestine, la radicalisation, les catastrophes naturelles, la paix et la sécurité, l’engagement citoyen, l’éducation et la formation, l’accès aux soins de santé….
Les défis sont donc en effet nombreux et à différents plans pour espérer voir cette jeunesse africaine devenir un meilleur allié du continent. Je ne pourrai tous les citer, mais j’en dresse quelques uns.
1: Sur le plan de l’éducation et de la formation professionnelle

Une éducation de qualité et des formations en rapport avec les exigences du marché de l’emploi sont déterminantes pour espérer penser à un développement efficace. 
Si la base en elle-même n’est pas convenablement édifiée, il sera plus que jamais difficile de construire des ponts solides qui puissent mener vers un développement de qualité. 
A cela, je pense aussi à ces jeunes filles qui sont encore privées d’éducation à cause de prétextes encore « farfelus » les préférant à la maison que sur les bancs de l’école. La fille est une richesse encore sous-déployée qui, une fois éduquée saura être une lumière pour le continent. 

Les formations quant à elles, doivent pouvoir répondre aux besoins en matière d’emplois pour les jeunes. On observe aujourd’hui des secteurs tels que l’agro-alimentaire, l’industrie ou même le tertiaire qui manquent de ressources humaines, fautes de personnes qualifiées. 

2: Des opportunités économiques à favoriser via un climat des affaires sain 

Qui dit opportunités économiques pour les jeunes dit climat des affaires sain et adapté à leurs besoins. 
Nombreux sont les jeunes en rupture scolaire ou ayant terminé les études qui se lancent dans des activités informelles compte tenu du chômage qui les attaquent de plein fouet. Assainir le climat des affaires et instaurer une justice sociale sera un excellent début. 
Former, accompagner, soutenir les jeunes qui désirent créer de l’emploi sera aussi un excellent moyen de remédier au problème du chômage.

3: La Paix et la Sécurité pour renforcer la confiance des jeunes envers leur continent

Ce qui me bluffe chez les jeunes africains, c’est l’amour qu’ils portent pour leur continent en général, et pour leurs pays respectifs, et ce, qu’importent les difficultés rencontrées. 
Alors il va sans dire que la Paix et la Sécurité pourraient découler des principaux défis énumérés ci-dessus. Si vous voulez éviter d’avoir des jeunes qui s’engagent dans des troupes armés et qui deviennent des menaces, il serait peut-être temps de leur inculquer une éducation stable, de les accompagner vers un emploi décent afin de les rendre autonomes et par dessus tout instaurer une justice sociale.

4: Lutter contre les inégalités de tout genre

Les inégalités sont mine de rien, des brindilles qui alimentent peu à peu le feu des représailles, instabilités. 
En effet, ce qui marque cruellement le fossé entre les jeunes et leur désir de rester sur le continent sont les inégalités qu’ils rencontrent. Inégalités sur le genre, sur l’accès à une éducation ou une formation de qualité, un emploi décent, etc….Et sans résoudre ces points, il sera difficile pour les jeunes africains de se sentir complètement en sécurité et en paix chez eux. 

Un manque de communication sur l’évènement:

Ce que je déplore par dessus tout, c’est le manque de communication sur cet évènement pourtant très important pour la jeunesse africaine vivant localement mais également à la diaspora. Cela pourrait être perçu comme un manque d’intérêt à propos: ce qui est dommage.

La journée de la Jeunesse Africaine est l’occasion en effet de mettre en avant tous ces défis majeurs et de faire rayonner cette jeunesse africaine qui participe activement au développement du continent. 
Mais cette journée est également là pour faire éclore le potentiel de ces milliers de jeunes qui rayonnent et d’attirer la communauté internationale sur les problématiques liées à cette jeunesse africaine.

L’Union Africaine, une des institutions de référence pour le continent, devrait mettre davantage de moyens et d’engagement pour drainer cet évènement et faire de cette Journée Africaine de la Jeunesse, une journée plus qu’importante chaque année. Nous avons la chance d’avoir de jeunes africains qui marquent positivement les esprits, qui font briller le continent à travers le monde, alors pourquoi ne pas s’appuyer sur ce qui existe déjà pour faire encore mieux. 
Si nous ne le faisons pas nous-mêmes, personne d’autre ne le fera à notre place. 

Encourager la jeunesse à se cultiver, c’est bâtir une société meilleure.

Esther JONHSON
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