Le rôle de l’école face à une jeunesse qui se meurt

Article : Le rôle de l’école face à une jeunesse qui se meurt
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6 octobre 2016

Le rôle de l’école face à une jeunesse qui se meurt

programmeA peine la rentrée entamée que l’on découvre déjà des histoires sordides auprès des jeunes, et en particulier chez les adolescents. Il y a un véritable malaise dans nos écoles françaises. L’école est un établissement où l’on donne un enseignement collectif général. Un lieu où les jeunes enfants sont censés apprendre, socialiser, interagir avec les autres, découvrir, et surtout respecter l’autre tel qu’il est.

Dans cette école, existent également des personnels de directions et d’encadrement compétents pour s’assurer du bon fonctionnement des règles et du respect de chacun.

Malheureusement, depuis quelques semaines, des histoires atroces ne cessent de se répéter. Elles ont toutes un point commun : elles impliquent un public très jeune, victime de comportements atroces de la part des leurs.

On les retrouve sous différentes formes : le racket, le harcèlement, les moqueries, les vols avec agression, l’intimidation…

Comment peut-on, ne serait-ce que penser que de jeunes enfants puissent commettre de tels actes sans l’intervention ferme des personnes compétentes ?

Le système éducatif en France a, au fur et à mesure, baissé dans mon estime. On parle bien souvent des réformes liées à l’Education nationale, mais on ne dénonce pas encore assez ces actes ignobles commis par des profils si jeunes.

A leurs âges, il est encore très difficile de se dire qu’ils peuvent être capables de telles atrocités.

Un jeune de 12 ans raconte, dans une vidéo poignante visionnée ce jour, qu’il a tenté de s’immoler par le feu car il était sujet à de nombreuses menaces (dont une avec une arme).

Un autre se pend parce que ses camarades de classe se moquent de lui à cause de sa rousseur.

Un lycéen meurt à la suite d’une agression à l’arme blanche par ses camarades de lycée.

Une jeune fille se suicide car elle est sujette à des moqueries sur les réseaux sociaux. Une autre est tuée suite à une série de viols collectifs…

Je préfère m’arrêter là car la liste est malheureusement trop longue.

Ces jeunes ne semblent, dans la plupart des cas, pas prendre conscience de la gravité de leurs actes.

Comment peut-on, et est-on arrivé à cela ? Pourquoi l’école, qui est censée être un lieu prônant l’apprentissage, la tolérance, le respect et la socialisation n’arrive pas à endiguer ce phénomène plus que dangereux? 

J’ai toujours été choquée de voir l’extrême violence verbale ou physique qui existe dans les écoles. Et bien des fois malheureusement, cela commence très tôt (dès le primaire). On cherche à intimider l’autre, on le provoque, et pour peu qu’il ne puisse pas répondre, qu’il ait peur de répliquer, il devient le bouc émissaire. Et au fur et à mesure, ça devient un jeu. Pourquoi? 

A mon humble avis, le système éducatif en France est à revoir complètement. Ce système malheureusement accentue, voire même créée des inégalités. On priorise de nos jours la réussite à l’apprentissage. Ainsi donc, très jeunes, certains d’entre eux décrochent, ne suivent plus rien et se répètent sans cesse « à quoi bon essayer ? Car dans tous les cas cela ne mènera à rien ».

Alors, encore très jeunes, ils choisissent la facilité : faire payer, et déverser leur colère, leur haine, leur ressenti sur l’autre qui semble différent.

Selon moi, il serait capital de revoir les façons d’enseigner. Dans les autres pays d’Europe cela fonctionne plutôt bien, en Finlande ou en Norvège par exemple. Pourquoi cela fonctionne t-il ailleurs mais pas en France ? Parce que le système scolaire est assimilé à un but d’équité sociale.

Je vois quelques solutions possibles :

Réduire les fractures sociales en favorisant l’hétérogénéité des profils scolaires et en supprimant ces zones dites « ZEP » qui ne sont là que pour accentuer les inégalités sociales et les clichés.

Revoir les systèmes de notation, perçus plutôt comme des actions punitives qu’encourageantes. J’ai en mémoire la plupart du temps, « l’intello » de la classe qui était celui qui faisait bande à part de peur de se voir humilié par les autres. Malheureusement ces clichés persistent encore. Et pourtant à leurs âges, les enfants sont créatifs et tous intelligents : il suffit juste de maintenir leur motivation en éveil constant.

Réussir à intégrer plus facilement les enfants en difficulté : en l’occurrence, les handicapés… C’est triste mais encore beaucoup d’enfants handicapés sont la risée de leurs camarades de classes. Il est anormal que ces enfants ne soient pas assimilés aux autres. Au-delà de leur handicap, ils restent des enfants, des jeunes, des adolescents désirant apprendre et s’intégrer à un groupe. C’est à l’école d’adapter ses moyens pour favoriser leur insertion et non pas à eux de s’adapter à l’école.

Sensibiliser au maximum les jeunes enfants à des faits de société : en leur permettant d’échanger en groupe sur ces phénomènes dangereux. Les placer en tant qu’acteurs. Car la plupart du temps ces enfants ne font que reproduire ce qu’ils voient dans la société ou ce qu’ils subissent. Ainsi, extérioriser leurs vécus, leurs ressentis, permettra de mieux appréhender certaines actions.

Former et sensibiliser sans arrêt le personnel enseignant, encadrant et directionnel. Il est parfois très difficile en tant qu’adulte de savoir comment réagir face à certaines de ces situations, qui de surcroît impliquent de jeunes enfants. Ce personnel ne doit donc pas être livré à lui-même, mais au contraire pouvoir compter sur une équipe soudée et formée pour gérer au mieux ce genre de situation.

Sensibiliser et impliquer davantage les adultes, parents : les parents sont les premiers agents de socialisation et d’éducation d’un enfant. Certes ils arrivent dans un milieu où ils passent beaucoup plus de temps et où ils vont être confrontés aux regards et avis des autres. Dans un milieu où ils vont devoir grandir et, au fur et à mesure, gagner en maturité pour espérer évoluer correctement. Et les parents se doivent d’être au maximum impliqués. La base de l’éducation leur revient, alors ils doivent en permanence en être avisés.

Promouvoir la méthodologie de projet qui permettrait ainsi de favoriser l’apprentissage et l’aspect pratique des choses. Cela permettrait également de faire en sort que ces jeunes enfants se sentent impliqués, motivés, d’en faire des acteurs, et non pas passifs. Une nouvelle méthodologie d’apprentissage impliquant la participation, la créativité, l’éveil et la prise de risque est importante.

Il est tout à fait possible de changer la donne et refaire de l’école un lieu d’apprentissage, de socialisation et d’éveil. Pour cela de nouvelles réformes objectives sont à envisager. 

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