Quand l’Afrique attire (part 5): le nouveau paradis des médias francophones

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Quand l’Afrique attire (part 5): le nouveau paradis des médias francophones

On a bien longtemps reproché aux médias internationaux de véhiculer des images ou informations négatives de l’Afrique. Or il s’avère que cette Afrique longtemps reléguée au rang de continent de guerre, de famine ou encore de maladie, attire davantage.

« Le continent africain est devenu un véritable oasis pour les médias francophones. »

Face à une Afrique qui bouge grâce à sa jeunesse et des classes moyennes qui émergent, le marché du divertissement, de l’information et des loisirs ne s’est jamais autant bien porté. Et ça, les médias l’ont compris.

Il faut savoir que selon l’Organisation internationale de la francophonie :
• le continent africain comptera 1 milliard d’habitants dont 750 millions de francophones d’ici 2050 : une véritable aubaine pour les médias
• le français est la deuxième langue d’information internationale dans les médias
• Sur 54 pays d’Afrique, 31 sont désignés comme pays d’Afrique francophone : ce qui veut dire qu’ils parlent le français comme première ou deuxième langue (cela représenterait environ 115 millions d’africains) ; le chiffre ne prendrait pas en compte les francophones vivant hors d’Afrique francophone.

Une diversité d’acteurs sur le marché

On pourrait dire qu’il n’y a plus vraiment de monopole sur le marché du média dans la partie francophone de l’Afrique. Auparavant, pour l’univers audiovisuel, c’était la chaîne TV5 Monde qui « monopolisait » le secteur avec une réception de 257 millions de foyers dans le monde (dont 12 millions en Afrique) selon le groupe de travail sur la francophonie d’ Unifrance (une association chargée de la promotion du cinéma Français à l’international).

Mais aujourd’hui, lorsque l’on regarde l’univers des médias en Afrique, on voit émerger plusieurs concurrents de taille. Par exemple Canal + Overseas qui, à travers ses chaînes A+ arrivent à proposer ses offres aux auditeurs en s’adaptant à leurs besoins.

Lors de mes différents déplacements au Tchad, je me suis rendue compte d’une chose : que ce soit dans les classes moyennes ou classes moyennes inférieures, si je peux le dire ainsi, il y a au moins une télévision et un abonnement Canal + dans chaque foyer. Ces deux équipements sont devenus incontournables.
Les abonnements Canal + au Tchad vont d’un montant de 10.000 FCFA (pour l’offre de base) à celui de 50.000FCFA (pour l’abonnement premium). L’offre d’abonnement s’accompagne d’une offre de qualité de service (service après-vente, promotions, enquête de satisfaction client…). C’est à croire que tout est fait pour satisfaire et fidéliser la clientèle. Un élément différenciant et concurrentiel très fort.
Pour la majorité des familles que j’ai pu rencontrer, l’argument souvent mis en avant, était le fait de pouvoir passer le temps, surtout dans un pays où les structures et offres de divertissements sont quasi inexistantes. De plus, disposer de ces équipements serait aussi une façon de ne pas se sentir coupé du monde et dans ce cas, être informé de l’actualité en continue.

On ne peut parler de médias, sans évoquer les radios. J’ai bien évidemment à l’esprit RFI (Radio France Internationale) qui est connue à travers les quatre coins du globe et qui reste une des radios les plus écoutées en Afrique francophone.

Les médias locaux ont compris l’importance de ce marché porteur et n’hésitent pas, bien souvent à nouer des partenariats stratégiques pour espérer faire le poids face à la concurrence naissante. C’est ainsi qu’on voit émerger de plus en plus de médias panafricains à l’instar de VoxAfrica, Africa 24Ubiznews ou encore Telesud, pour ne citer qu’eux, qui s’imposent tout autant face aux médias traditionnels francophones.

Le numérique, nouvelle arme de concurrence massive

Le numérique et le développement d’internet sur le continent, obligent bien souvent les médias traditionnels africains à innover pour espérer faire face à la concurrence.
C’est ainsi que les blogueurs, codeurs ou web-journalistes se posent ici comme de nouveaux influenceurs.
Souvenez-vous de l’article que je réalisais il y a quelques temps de cela, Les blogueurs, nouveaux leaders du continent africain
A l’instar de Mondoblog, qui est une plateforme regroupant une communauté de blogueurs portée par l’équipe de l’Atelier des médias de RFI, celle-ci a, je cite: « vocation à promouvoir la blogosphère francophone à travers le monde mais également du contenu de qualité sur internet. »
Cette forme de média est également une innovation dans le domaine puisqu’elle va permettre aux blogueurs d’impulser un nouveau souffle tout en étant de véritables ambassadeurs du média en question.

CC: Mondoblog
5ème saison des blogueurs francophones Mondoblog lors de la formation à Antananarivo

Lorsque les start-ups entrent dans la danse :

C’est ici une belle suite que je puisse faire. Ci-dessus, je parlais du numérique, et bien là je mets en avant le fait que des entrepreneurs aient également saisi l’importance de ce marché porteur.
Que ce soient des plateformes numériques ou collaboratives, des médias sociaux, des magazines en ligne, des web-séries ou encore des plateformes de base de données, on assiste à la naissance de jeunes pousses qui font de l’univers des médias un véritable tremplin économique.
Les médias traditionnels français ont saisi cette opportunité et n’hésitent pas à innover aussi dans ce domaine en créant des incubateurs pouvant accompagner ces futurs « startupers ».
Je pourrai notamment citer :

• Canal START, la structure créée par le groupe Canal Plus qui accompagne et aide les porteurs de projets de toutes nationalités, tournées vers le secteur des médias (vidéo, big data, réseaux sociaux et applications mobiles)

• L’incubateur du groupe TF1 : le groupe audiovisuel français TF1 et l’agence d’innovation et d’attractivité de Paris se sont associés pour créer un incubateur de startups dans le secteur des médias sur le thème de « nouveaux produits et services »
• The Mediapreneur : l’incubateur de startups lancé par le groupe Media de Singapour Media Corp qui durant 6 mois va accompagner les meilleures startups sélectionnées jusqu’à leur lancement.

Je souhaiterais aussi en parallèle de cela citer le programme d’appui et d’accompagnement spécialement dédié à quelques pays d’Afrique Francophone «Afrique Innovation», à l’initiative de CFI Medias qui, je cite : « vise à accompagner une nouvelle génération de professionnels africains des médias dans la création et le développement de produits et services d’information innovants en phase avec l’évolution des technologies, des usages et avec les attentes des citoyens du continent. »

CC: Pixabay

Les groupes médias francophones ne cessent d’innover et de proposer des solutions pour profiter de l’essor du secteur sur le continent africain.
On ne compte plus les émissions ou les initiatives qui ciblent l’Afrique dans les médias français ou francophones. Du cinéma, en passant par les émissions de télé-réalité ou encore celles de divertissements, on voit bien que l’audience africaine ne cesse d’être à la quête de nouveautés.
Et les entrepreneurs semblent encore une fois être présents sur ce marché vaste et pousser les médias traditionnels à innover ou à signer des partenariats stratégiques.

Cependant, on remarque bien que sur ce marché fructueux, les médias locaux africains peinent à sortir leur épingle du jeu. D’où la nécessité de leur proposer des formations et programmes d’accompagnement adaptés aux besoins, afin qu’eux aussi puissent faire face à la concurrence accrue et gagner des parts du marché si juteux qu’est celui de l’univers des médias.

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