Eduquer nos fils et rendre justice pour lutter contre les VBG au Tchad…réponse à la correspondance de Saïba NGOUSMON

Article : Eduquer nos fils et rendre justice pour lutter contre les VBG au Tchad…réponse à la correspondance de Saïba NGOUSMON
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31 mars 2023

Eduquer nos fils et rendre justice pour lutter contre les VBG au Tchad…réponse à la correspondance de Saïba NGOUSMON

En date du 29 Mars, j’ai reçu une correspondance de la part de Saïba NGOUSMON: un confrère blogueur et ami du blog La Fenêtre Etoilée qui parlait à coeur ouvert de la situation inquiétante des violences basées sur le genre au Tchad.
Une correspondance que vous pourrez retrouver ici: Au Tchad, neuf féminicides en un trimestre… Correspondance à Sandrine NAGUERTIGA et au monde !

Ne pouvant rester insensible à ces mots, j’ai aussi choisi de lui répondre.

Cher Saïba, c’est toujours un plaisir de te lire et d’avoir de tes nouvelles!

Mais malheureusement, les nouvelles que tu me donnes du pays me fendent le coeur et je suis très triste d’apprendre que les choses ne s’améliorent vraiment pas pour les conditions des femmes.

Les tristes évènements et cas de violence envers les femmes que tu me décris dans ta lettre sont tout simplement inacceptables et c’est à se demander si le Tchad reste encore un pays où la Femme pourrait vivre en sécurité ? Un pays où naître fille ne serait pas une fatalité ? 

Comment rester insensible à ces nouvelles formes de violences de plus en plus inhumaines ?

Comment en tant que femme, fille, sœur, nièce….pourrais-je encore dormir tranquille face à toutes ces atrocités ? 

Comment réussir à faire entendre à ces personnes qui nous dirigent que la Femme est la mère de l’humanité et qu’elle mérite respect, attention, protection et bien-être ? Comment, dis-mois Sayba? Est-ce que nos cris, pleurs et revendications sont vains?  

C’est également le cœur lourd que je me pose toutes ces questions et que je me sens impuissante. 

Les 08 Mars se célèbrent mais les conditions des femmes régressent

Chaque année que Dieu fait, le 08 Mars reste une date très importante et « célébrée » à travers le Monde. Et quand je dis célébrer, je pèse mes mots car cette date est bien souvent détournée de tout son sens, surtout dans nos pays d’Afrique où les conditions de la femme s’empirent. 

Au Tchad, depuis que je suis petite, je sais que la Semaine Nationale de la Femme Tchadienne (SENAFET) est un moment historique et très attendu par les autorités en charge de la question de la femme et les femmes elles-mêmes. Mais une fois cet évènement grandiose terminé, les femmes retombaient dans les mêmes problématiques majeures non résolues. Ce qui fait que l’on se demande si le sens premier du 08 Mars était respecté ? 

Mais force est de constater que malgré les « festivités » du 08 Mars et tout le tapage médiatique qui avait eu lieu cette année, les femmes, premières concernées restent encore victimes de leur genre.

Alors quand je vois ces femmes, mères, épouses violées, assassinées, torturées, violentées…parce qu’elles sont Femmes, parce qu’elles ont un sexe différent, je me demande si nous pouvons aspirer à un lendemain meilleur pour notre chère patrie. 

Eduquer les fils du pays et rendre justice!

Tu l’as si bien dis dans ta correspondance, je cite: « le silence de la justice, le manque de sérieux dans le traitement des dossiers » ne viennent en aucun cas arranger les choses.

Rendre la justice, c’est répondre par un acte juste à un acte injuste »

Jean Dutourd

Protéger les filles/femmes et rendre justice face à ces actes de barbaries doit être la meilleure formule à adopter pour un meilleur climat de paix entre les genres dans notre pays.

Nous avons un mal profond et l’avènement des réseaux sociaux vient amplifier ce contexte. Je ne vois pas d’autres solutions Sayba: si l’on ne sévit pas fermement les auteurs de ces crimes ou actes déplacés et si l’on n’éduque pas la jeune génération, il sera impossible de vivre en harmonie. On continuera à avoir peur et à ne plus vivre paisiblement dans notre pays.

Je lisais la dernière fois une citation du célèbre réalisateur Anthony Kopkins qui disait je cite : « […]Nous vivons dans une culture de l’emballage qui méprise le contenu » et je pense qu’il a raison. Nous sommes à une ère où, malheureusement la forme compte plus que le fond. Nous préférons déguiser nos réelles problématiques et faire comme si tout va bien, alors que ça urge. 

L’espoir malgré tout!

Ne voulant pas trop tomber dans le pessimisme, tu me connais, je suis tout de même contente de savoir qu’il existe des personnes, hommes comme femmes, qui se battent pour que les choses changent. J’ai plaisir à suivre les actions des organisations de défense des droits des femmes comme la Ligue Tchadienne des Droits des Femmes ou encore d’activistes qui ne baissent pas les bras. J’ai aussi été fière d’apprendre que Me Delphine Kemneloum Djiraibé qui se bat pour les droits des femmes et des enfants, a obtenu le 16 Février dernier le Prix Martin Ennals en reconnaissance de tous ses engagements. Enfin, je suis fière de savoir qu’il existe des Hommes comme toi qui se soucient de la cause des femmes et qui luttent au quotidien à nos côtés pour changer les choses. 

Alors oui, cher Saïba, quand je vois ces genres d’actions, je me dis que tout est encore possible et que nous devons garder la Foi pour faire de ce Tchad, un pays meilleur. 

Je rêve d’un Tchad où mes enfants, nos enfants, vivrons en sécurité et feront parler d’eux en bien. Ce Tchad est possible ensemble ! 

Prends bien soin de toi et j’espère pouvoir te relire avec de bonnes nouvelles. 

A très bientôt. 

Sandrine.

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