[Interview]: Sylvie Pitimbaye, la Tchadienne qui transforme les déchets en de véritables oeuvres d’art

Article : [Interview]: Sylvie Pitimbaye, la Tchadienne qui transforme les déchets en de véritables oeuvres d’art
Crédit:

[Interview]: Sylvie Pitimbaye, la Tchadienne qui transforme les déchets en de véritables oeuvres d’art

« Rien ne se perd, Rien ne se crée, tout se transforme » : tel est le credo de cette jeune entreprise installée dans les rues de la capitale Tchadienne, N’Djamena, qui transforme les déchets du quotidien en de véritables objets du quotidien. J’ai eu le plaisir de rencontrer la Co-fondatrice de cette jeune entreprise: Sylvie PITIMBAYE, qui a accepté de se prêter au jeu de questions-réponses ci-dessous.

Bonjour Sylvie, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs(trices)? 

Bonjour chers lecteur(trice)s Je m’appelle Sylvie PITIMBAYE, Titulaire d’une licence en Banque et Finances obtenue à l’université des Hautes études de commerce (HEC-Tchad). Actuellement Co-fondatrice de Noudji Décor and Arts. 

Parle-Nous de ton parcours…

Après l’obtention de ma Licence, j’ai travaillé comme Assistante de Direction dans un cabinet médical pendant 6 mois. Cela m’a ouvert d’autres opportunités.  J’ai ensuite travaillé pour une période de deux ans dans une Agence pharmaceutique à N’Djamena puis deux années de plus avec l’Organisation non gouvernementale des Médecins du Monde. 

Mon amour pour les études d’étude étant toujours présent, j’ai décidé de mettre mes activités professionnelles en suspens pour m’envoler vers le Ghana où j’ai appris l’anglais. En parallèle de mes études, j’avais également suivi une formation en décoration, une passion acquise dès mon bas âge.

Qu’est-ce que Noudji Décor & Art? Comme est née cette initiative? 

Noudji Décor and Art est une petite entreprise qui œuvre dans la décoration et l’art. 
Inspiré du Ngambaye (langue d’une ethnie du Sud du Tchad), « Noudji » qui signifie en français la charité, l’amour trouve tout son sens dans cette entreprise puisqu’elle met en avant la passion et l’amour pour la décoration et l’art que nous avons. 


Elle est née de notre passion pour l’art et la décoration. Donc, une fois rentrée d’Accra (Ghana), j’ai créé mon agence de décoration. Mais toute seule, c’était difficile d’y arriver. C’est ainsi que j’ai partagé le projet avec Thomas Madide, par ailleurs, Co-fondateur de Noudji décor and Arts, qui a tout suite aimé l’idée et n’a pas hésité à se lancer également dans l’aventure. 

Travailles-tu en équipe ? Si oui, pouvez vous nous les présenter ? Comment fonctionnez-vous ? ( Si vous souhaitez mettre en avant votre équipe, sinon passez la question) 

Nous travaillons avec une dynamique équipe qui nous est d’un soutien sans faille. Mon associé et Co-fondateur est un leader avec de multiples casquettes. C’est une équipe composée de quatre personnes dont le Co-fondateur, notre menuisier et notre chargé de communication. Toute l’équipe œuvre sans relâche pour satisfaire nos clients. Pour la petite anecdote, j’utilise le marteau, la scie, la perceuse comme font également les hommes (Rires). 

Qu’est-ce que t’a donné envie de te lancer ? 

De la décoration, nous avons choisi de mettre en valeur les objets recyclés. La protection de l’environnement est l’élément catalyseur et motivateur de notre entreprise. Car au Tchad il existe plusieurs entrepises productrices de boissons en bouteilles plastiques. Mais aucune structure adéquate mise en place pour le recyclage de ces bouteilles après utilisation. Du coup, les bouteilles se retrouvent dans les caniveaux créant la stagnation d’eau qui produits les anophèles (responsables de la prolifération du paludisme). Alors que ces déchets valent de l’or. Nous pouvons en faire une affaire tout en contribuant a la protection de l’environnement, au lieu de les brûler.

En tant que jeune entrepreneuse, tu as certainement dû être confrontée à des difficultés dans ton parcours. Peux-tu le partager avec nous et expliquer comment tu as su garder le cap et avancer ?

Noudji décor est à son début et il n’est pas facile dans ce pays d’entreprendre, surtout que la majorité de la population préfère consommer les produits importés. Commencer les activités sans un appui financier, tout en inculquant l’utilisation des objets recyclés dans le quotidien des tchadiens, constitue d’énormes difficultés. 
Mais ma plus grande force reste mon équipe, notamment mon cofondateur qui, à chaque fois que je baisse les bras, m’encourage toujours en ces termes : « tu es une fille battante, je crois en notre projet et on arrivera au bout du chemin un jour. Bill Gâtes n’a pas construit son empire en un jour… ». Il partage la même vision que moi et c’est ce qui me pousse à faire plus. 

Si l’on devait retenir 2 mots de toi, quels seraient-ils ? Et pourquoi? 

Ambitieuse et courageuse … (Rires). Je ne sais pas si c’est une qualité mais j’aime le challenge. Dans la vie, si on n’est pas ambitieux et courageux on a aucune raison de se dire jeune, moins encore d’avoir une existence. 

Quelles ont été (la) ou les personnes qui ont influencé ton parcours ainsi que tes choix ? 

Ma maman.  Elle est mon rôle modèle. En effet, elle est une entrepreneure peu connue et une passionnée de l’art. Elle fabrique des savons, crèmes avec du karité et la teinture. J’ai appris dès mon bas âge à, ses côtés, à fabriquer le savon, la crème et l’indigo mais aussi comment les vendre lors d’expositions.

Le rêve de mon papa était de me voir travailler dans une banque, c’est ce qui m’a poussé à faire la filière de banque et finances. Bref, je vis ma passion et mon rêve. 

Quelle est la vision pour la suite ? Comment envisages-tu le développement de ta jeune structure ? 

Nous nous inscrivons dans une logique progressive. Notre vision première était d’œuvrer comme il se devait pour un Tchad sain et beau grâce aux déchets recyclés.  

Nous projetons cependant d’avoir un local de recyclage plus grand et du matériel pour le travail. Nous aimerions également former des jeunes dans le recyclage et la transformation et travailler également avec les associations féminines dans la fabrication des bijoux et objets de décoration

Quel message aimerais-tu faire passer ?

Les jeunes doivent arrêter de chercher du boulot dans les bureaux, car il y a assez d’opportunités de nos jours. A l’ère du digital,  nous pouvons apprendre à tout faire sans payer une quelconque formation. Nous, jeunes, devions chercher a faire un métier et arrêter de se plaindre.

Par ailleurs, nous jeunes filles, devons arrêter d’être vues comme des couches vulnérables car nous valons plus que ce que nous croyons. Sortons de nos zones de confort et retroussons nos manches et avec un peu de détermination et d’envie, on y arrivera.

Rien n’est impossible à celui qui croit.

Sylvie PITIMBAYE

Pour plus d’informations à propos de notre invitée (sites internet, Facebook.) :

Sur Facebook : Noudji decor and Arts ;

Sur Instagram : Noudji décor and Art ;

Sur Twitter : @AndNoudji 

Sur Whatsapp : +23591662246

Partagez

Commentaires