Sandrine NAGUERTIGA

Le Tchad des talents: une jeune entrepreneure qui se soucie de la santé alimentaire des jeunes écoliers

La jeunesse Tchadienne est aujourd’hui celle qui ose et qui semble prendre conscience de son importance sur la scène internationale. C’est également cette jeunesse qui reconnait son potentiel et qui choisit de le mettre en pratique au service de sa communauté et donc de son pays. Conscient du fait que l’on a rien sans rien, on voit émerger de plus en plus de jeunes potentiels. C’est pour cela que je choisis de les mettre en avant.

Evelyne NaotordéEvelyne Naotordéné, est une jeune entrepreneure originaire du Tchad qui a notamment passé sa vie entre le Burkina Faso et le Tchad. Du haut de ses 27 ans, elle choisi de se lancer dans l’entrepreneuriat social : un véritable challenge que la jeune femme se fixe.

Titulaire d’une maîtrise en communication et journalisme obtenue à l’Université de Ouagadougou en 2014, elle occupe un poste de chargée de communication et relation publique dans une institution de la place à N’Djamena (capitale Tchadienne).

Dynamique, travailleuse et persévérante, elle choisi de se lancer dans l’entrepreneuriat à l’issue d’un constant effectué quant à la situation alimentaire et sanitaire des jeunes élèves de son pays.

Focus sur son projet : 

En effet, c’est en étant encore étudiante que l’amour de l’entrepreneuriat, comme elle le dit si bien elle-même, lui est venu. Elle a longtemps constaté qu’il manquait aux élèves de N’Djamena une alimentation saine, de qualité et à des tarifs accessibles à tout budget.  De plus, elle s’est également rendue compte qu’une mauvaise alimentation avait des effets néfastes sur ces jeunes notamment en termes de concentration durant les cours et surtout de santé physique.

D’après ses explications, les aliments vendus et consommés à l’extérieur de la maison comportent bien souvent des microbes (mauvaise conservation et manipulation hygiénique), ce qui peut exposer les jeunes à des problèmes de santé parfois graves.

C’est ainsi qu’elle choisi de créer « Naofood »  qui est un concept de fastfood situé à proximité des écoles et qui permet aux jeunes de bénéficier de sandwichs ou encore de gâteaux de qualités à des tarifs très accessibles aux budgets de la majorité de ces jeunes. Il est important de rappeler que le Tchad compte une population très jeune qui pour la plupart est directement impactée par la crise économique qui sévit le pays.

On remarque bien que la question de la santé  et de l’hygiène est essentielle dans le concept de Naofood, ce qui permet à cette jeune entrepreneure d’avoir comme crédo : « Chez Naofood, votre santé est notre priorité ».

Ce concept d’autant plus valorisant que louable a permis à Evelyne et son équipe d’avoir une approbation de différents collèges ou lycées qui, trouvant le concept très intéressant et bénéfique, ont choisi de les accueillir au sein même de leurs structures comme c’est le cas pour l’un des plus grands collège de la capitale, depuis 2015.

Cette jeune entrepreneure motivée et déterminée se fixe des objectifs à court, moyen et long terme que sont :

  • à court terme, de nourrir 90% des élèves du Collège Evangélique avant la fin d’année académique
  • à moyen terme, d’ouvrir chaque année un fastfood « Naofood » dans une école
  • Et enfin à long terme, d’avoir un point de restauration disponible dans toutes les écoles du pays.

Afin de pouvoir démarrer son projet, Evelyne a eu à réaliser des  sacrifices majeurs tant sur le plan financier que personnel (notamment en termes de gestions de temps et de priorités).

Elle raconte notamment comment se déroule une journée. Evelyne ouvre son kiosque chaque matin à 6h30 en laissant la gestion de son fastfood à une employée. Ce qui lui permet de se rendre à son travail à 8h.

Elle vient ensuite en fin de journée faire la recette journalière et prévoir les aliments à acheter au marché pour la journée du lendemain , ce qui n’est pas de tout repos. Mais Evelyne arrive à organiser ses journées afin de palier aux exigences de son entreprise et de ses obligations professionnelles et personnelles.

Un véritable marathon journalier, mais de son tempérament déterminé, nous n’avons aucun doute sur le fait qu’elle puisse y arriver et réaliser ses objectifs.

Cependant et malheureusement, l’un des obstacles majeurs rencontrés par les porteurs de projets sur le continent,  dont Evelyne, reste l’accès aux aides qui leur permettrait de développer leurs projets et ainsi créer des emplois.

A l’exemple d’Evelyne, de nombreuses jeunes femmes se battent quotidiennement pour réussir à réaliser leurs projets et ainsi participer au développement économique du continent à leur mesure.

Je souhaite beaucoup de succès à cette jeune entrepreneure hors du commun et qui ne baisse jamais les bras.

 


Eradiquer les freins à la promotion de l’entrepreneuriat pour une meilleure croissance économique…

Le continent africain est une terre d’opportunités et entame sa phase de développement de l’entrepreneuriat.

Dans cet article, j’identifie des difficultés, qui selon moi seraient des barrières à lever pour permettre de promouvoir et de développer l’entrepreneuriat, à savoir:

A- La difficulté à dissocier la question de la propriété

En effet, on doit comprendre qu’une entreprise quand elle est créée, est une personne morale et non, physique.

Or en Afrique, on a encore du mal à dissocier la vie professionnelle (entreprise) de la vie personnelle (Personne physique).

L’argent de la société ne doit pas être utilisé à des fins personnelles (comme par exemple: payer son loyer, faire des achats personnels, aides à la famille ou autres) mais plutôt servir aux intérêts de la société. Et inversement les apports faits pour la société restent pour la société.

Cependant, quelques fois le chef d’entreprise est contraint d’abdiquer sous la pression de son entourage.

Ainsi donc, le manque d’évolution rapide des mentalités n’est pas encore favorable à la culture de l’entreprise. Et pourtant, le porteur de projet a besoin d’être en phase avec cela et être compris au sein de sa famille pour mener à bien son projet. Ce qui reste encore très difficile, mais non désespérant.

B- Une culture entrepreneuriale peu développée sur le continent 

Je dis toujours que se lancer dans l’entrepreneuriat est une vraie aventure avec tout son lot d’obstacles et d’étapes à valider, mais en Afrique c’est pour le moment encore plus difficile.

La culture entrepreneuriale est selon moi encore peu répandue auprès notamment des jeunes africains et encore moins auprès des femmes.

Heureusement, on voit émerger des créateurs œuvrer en la matière et innover de façon incroyable sur des projets d’entreprise. Et ces entrepreneurs doivent être des exemples et modèles de réussite et de motivation pour les candidats à la création d’entreprise.

Communiquer et promouvoir, développer, encourager et soutenir les initiatives serait une première grande étape importante pour le développement de l’entrepreneuriat sur le continent. Par la suite, les actions de développement et de soutien pourront ainsi avoir plus d’impact.

C- Le manque de diversification des sources de financement pour les porteurs de projet

Une des difficultés majeures rencontrées par un porteur de projet que ce soit en Afrique, en Europe ou encore sur un autre continent, c’est l’accès au financement.

Comment pouvoir financer son projet?  Quelle personne pourrait croire en notre projet au point d’y investir?  Quel organisme serait prêt à nous accompagner financièrement dans ce projet?  Quelles sont les personnes au sein de mon entourage qui pourraient m’aider à investir dans ce projet ?

Toutes ces questions nous ont pour la plupart au moins traversé l’esprit ?

Et un entrepreneur a besoin disons le clairement de « cash » pour investir dans son capital, l’achat de ses marchandises, le besoin en fonds de roulement, son installation physique, le financement de ses équipements, etc…

Bien entendu, nous rencontrons des personnes qui démarrent un projet sans investir du capital au départ, mais qui pour le développer plus tard auront toujours besoin de fonds.

Comme le disait un entrepreneur rencontré lors d’un évènement sur les créateurs d’entreprises: « Quand on est pauvre, on est intelligent. Quand on est riche on est bête ». La phrase peut choquer sans doute quelques personnes mais dans le fond, je pense qu’il convient à la situation de l’Afrique. Ce sont les créateurs qui ont un accès difficile au financement qui arrivent à trouver des idées innovantes et à les lancer avec un capital très faible voire même inexistant.

Améliorer et diversifier ce secteur permettrait à bon nombre de futurs créateurs d’envisager l’avenir sous un meilleur angle et de se lancer.

Il existe différentes formes de financements telles que :

  • Les banques traditionnelles qui pour la plupart ont une branche dédiée aux professionnels et qui en plus prodiguent des conseils adaptés à la gestion des biens financiers de l’entreprise.
  • Les Business Angels : sont des actionnaires qui vont investir dans le capital de la société s’ils croient au potentiel de l’entreprise en mettant à disposition non seulement les fonds attendus mais également l’expérience, les compétences, le réseau et parfois une partie de leur temps. Cependant, cet investissement a un coup (parfois risqué) car cette personne sera aussi actionnaire d’une partie (au préalable négociée avec le porteur de projet) des parts de l’entreprise.
  • Les organismes de financements spécialisés dans l’octroi de prêt des porteurs de projet et qui pour la plupart prodiguent des conseils et accompagnements pour les créateurs.
  • Les incubateurs d’entreprises : qui sont des structures d’accompagnement de projets de création d’entreprises. L’incubateur peut apporter un appui en termes d’hébergement, de conseil et de financement, lors des premières étapes de la vie de l’entreprise.
  • Le crowfunding (ou love money) : est un type de financement participatif qui permet à un porteur de projet en recherche de financement de récolter des fonds pour son projet. Dans la plupart des cas, c’est l’association d’un grand nombre de personnes investissant un petit montant qui permet aux porteurs de projets de trouver les fonds demandés. Ce mode de financement est également un moyen de fédérer le plus grand nombre de personnes autour de son projet. Elle prend 4 formes :​
    • Le don : Une personne physique ou morale (une entreprise) donne une somme sans rien attendre en retour « c’est un don ».  Généralement cette catégorie de financement est propre aux actes associatifs ainsi qu’aux projets personnels.
    • La récompense : Une personne physique ou morale (une entreprise) donne une somme en échange d’une récompense. Le porteur de projet peut choisir de donner en échange d’un financement: un cadeau. Par exemple, pour un porteur de projet qui souhaite se lancer dans la création de T-Shirt et qui souhaite collecter des fonds ; il pourrait offrir des T-shirts à chaque participant à sa collecte une fois le projet terminé.
    • Le prêt : Une personne physique  prête une somme afin de financer un projet. La somme prêtée doit être rendue avec ou sans intérêts et c’est au porteur de projet d’en décider.
    • L’investissement participatif : Une personne physique ou morale (une entreprise) accepte d’investir dans un projet à condition d’acquérir des parts dans l’entreprise financée directement ou indirectement.

D- Le manque de solutions concrètes pour accompagner les porteurs de projet à toutes les étapes de la création

Allant de l’idée jusqu’à la gestion de la structure en passant par l’étape de la création, l’entrepreneur a besoin d’être accompagné et ne pas être seul.

Pouvoir échanger sur ses différentes inquiétudes, interrogations, pouvoir tester la viabilité de son projet, pouvoir bénéficier de conseils appropriés sur des sujets financiers, juridiques, de communication…sont essentiels.

Développer des structures d’accompagnement et un système de « Mentoring » est primordial pour inciter et conforter les porteurs de projets dans leur aventure.

En Afrique plusieurs, points sont à souligner :

  • Le système administratif et juridique n’est pas adapté et ne facilite pas les procédures d’installation/d’immatriculation de la future entreprise. Or par exemple en France, créer une structure est légalement complexe et comporte plusieurs étapes auprès de différents organismes.

Centraliser l’ensemble de ces démarches administratives permettrait de faciliter le parcours du créateur et ainsi il pourrait se consacrer au développement de son activité.

  • Mettre en place des formations qualifiées en entrepreneuriat sur le continent. Même si on voit des réseaux, associations ou autres structures se mettre en place, il existe peu ou pas du tout de formations qualifiantes proposées aux seins d’écoles supérieures de commerce ou de management, d’universités…

Une refonte du système éducatif en lien avec des organismes de promotion ou d’accompagnement permettrait de proposer des formations, cursus aussi bien aux niveaux supérieurs (post-bac) mais également aux niveaux collège, lycée pour déjà donner envie à ces jeunes de s’intéresser à la culture entrepreneuriale.


« Chaque problème d’un africain est une idée de création d’entreprise »

C’est une phrase qui prend tous son sens. Une citation de Florent YOUZAN (un entrepreneur ivoirien actif et très engagé sur les questions des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) en Côte d’Ivoire).

Comme je le disais au préalable, le continent africain regorge d’opportunités en matière de projets d’entreprises.

Et si certains pays ont compris cela en se développant, d’autres sont seulement en train de se raccrocher aux wagons.

Avant toute chose, il est important de souligner que l’esprit d’entrepreneuriat existe déjà depuis bien longtemps en Afrique. Mais c’est la culture d’entreprise qui tarde à émerger et qui ne se développe que maintenant.

Il est très commun de voir des femmes commerçantes sur les étals des marchés vendre leurs produits. C’est une forme traditionnelle d’entrepreneuriat. La plupart se lancent dans cette aventure par nécessité : afin de pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles. Dans des zones rurales, on retrouve des femmes qui se regroupent en coopérative pour entreprendre (exemple de la transformation du Karité, du Coton… fréquents dans les pays d’Afrique de l’Ouest). Elles transforment ainsi un besoin vital qui est celui de subvenir à leurs besoins en création d’entreprise.

Cependant, aussi bien dans des secteurs primaires, secondaires ou tertiaires, ce ne sont pas les idées d’entreprise qui manquent sur le continent. Citons par exemple : l’agriculture, l’industrie (notamment l’automobile, l’agro-alimentaire), les transports, les services (NTIC, l’éducation et la formation.) : ce sont tous des secteurs porteurs pour lesquels ont voit émerger des initiatives de création d’entreprises.

L’entrepreneuriat serait également une réponse efficace au contexte économique actuel que traversent beaucoup de pays africains, à savoir le taux de chômage des jeunes. Si l’on prend l’exemple du Tchad, qui voit malheureusement son taux de chômage croître (en particulier chez les jeunes), on distingue quelques initiatives d’entrepreneuriat qui permettent aux jeunes de parer à cette difficulté. Ces jeunes sont débordants d’idées et expriment parfois la volonté d’innover et de répondre à un besoin existant.

Les TPE et PME sont des vecteurs efficaces de croissance car ils participent à la création de richesses et par la même occasion, d’emplois. De plus c’est dans ce tissu économique, que l’on voit souvent émerger des idées d’innovation : facteur clé de développement.

Ainsi soutenir les initiatives de création d’entreprises par le biais de politiques publiques et d’accompagnement adaptées permettraient de relancer l’économie et par la même occasion d’éviter aux candidats à l’exode de migrer vers un paradis imaginaire (en Europe ou en Amérique par exemple).